L’hydrogène bas carbone, nouveau Graal de la transition énergétique ?
POINT DE VUE DE PNC : Jean-Pierre PERVÈS
Il faut beaucoup d’énergie pour produire de l’hydrogène bas carbone par électrolyse, puis la restituer sous forme utilisable, thermique ou électrique. Son usage génère surinvestissements et pertes (jusqu’à 70 %). Le programme « hydrogène » soutenu par l’Europe ne vise qu’à accompagner, quel qu’en soit le prix, les mix électriques 100 % renouvelables et il fait ainsi figure de bouée de sauvetage pour les pays européens qui refusent le nucléaire et s’orientent vers une intermittence massive de leurs productions d’électricité. Le risque, très probable dans les décennies à venir, est de voir se développer un hydrogène gris, très partiellement décarboné, cheval de Troie du gaz naturel.
En France une production d’électricité via le vecteur hydrogène bas carbone ne serait pas compétitive. Mieux vaut utiliser directement l’électricité produite par notre mix et son socle nucléaire. PNC estime cependant que, si un programme hydrogène raisonnable, visant à décarboner l’hydrogène industriel et à décarboner des transports lourds, est acceptable, il ne doit pas être suscité par la seule manne des programmes incitatifs européens. Il doit accompagner les objectifs à l’exportation de nos industriels, qui ont des compétences incontestables, être évalué avec rigueur, et son développement doit être cohérent avec l’apport d’un mix électrique déjà massivement décarboné, avec une production ajustable en toutes saisons grâce au nucléaire et à l’hydraulique.
TEXTE ORIGINAL rédigé pour PNC : Jean FLUCHÈRE, expert auprès de PNC-France
L’HYDROGÈNE BAS-CARBONE DANS LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE – LA RÉALITÉ
A – UN PROJET EUROPÉEN
L’union européenne s’est imposée des objectifs 2030 extrêmement ambitieux, avec une baisse de 55 % de ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) par rapport à 1990, puis une neutralité carbone en 2050. Pour cela elle privilégie, de manière inconsidérée, un développement massif des énergies renouvelables, électriques intermittentes en particulier (ENRi), avec une compensation présentée comme transitoire de cette intermittence par le méthane appelé joliment gaz naturel. Ce dernier devrait être remplacé progressivement par un stockage de masse d’électricité, essentiellement via le vecteur hydrogène bas-carbone.
L’Europe vient ainsi de mettre en place des financements colossaux, à engager très rapidement, sous la pression de pays hostiles au nucléaire, pour l’élargissement des usages de l’hydrogène bas carbone comme vecteur énergétique et stockage de masse d’électricité. Il devient un élément clé de tous programmes nationaux faisant appel à une contribution massive des électricités intermittentes, un nouveau Graal de la transition énergétique.
B – LA FRANCE ET LE VECTEUR HYDROGÈNE
Le gouvernement français envisage à son tour un développement très rapide des énergies renouvelables voire, pour certains, un mix 100 % EnR en 2050, option que PNC-France estime totalement déraisonnable car notre pays bénéficie d’une électricité déjà très décarbonée.
La France produit 0.9 millions de tonnes de H2 par an, pour l’industrie et l’agriculture essentiellement (Europe 10 et monde 100 environ). Sa production par vaporeformage du méthane émet environ 10 tonnes CO2 /tonne H2, plus de 2 % de nos émissions totales. Elle vient, à la suite de l’Allemagne, d’annoncer l’engagement d’un programme massif de 7,2 milliards d’ici 2030 sur les usages de l’hydrogène bas carbone, dont 2 milliards dans le cadre du plan de relance en 2021 et 2022. Pour quel usage ? Pour produire une électricité non compétitive par rapport au mix actuel ? L’importance de l’engagement est-il justifié en regard de nos objectifs climatiques ?
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L’HYDROGÈNE BAS-CARBONE DANS LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE – LA RÉALITÉ