En route vers la catastrophe

17 / 02 / 2021

En route vers la catastrophe

Fév 17, 2021 | Actualités

PHOTO : Creys-Malville (SFEN – ©Crédit Photo – EDF Sophie Brandstrom)

 

LE POINT DE VUE DE PNC

Le succès remporté par EDF et l’ensemble de la filière nucléaire, tels que conçus par les gouvernements de l’époque, justifie pleinement le point de vue développé par Loïk Le Floch-Prigent. La question qui se pose aujourd’hui peut se résumer à celle-ci : peut-on résister à l’Europe de Bruxelles ?

Si l’on observe son fonctionnement sous l’angle de la subsidiarité qui fut celui des Pères fondateurs, c’est parfaitement possible et légitime. Les traités ne disent d’ailleurs pas autre chose :

« Le principe de subsidiarité sert de critère régulateur de l’exercice des compétences non exclusives de l’Union. Il exclut l’intervention de l’Union lorsqu’une matière peut être réglementée de manière efficace par les États membres à leur niveau central, régional ou local ».

https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/7/le-principe-de-subsidiarite

Il nous semble donc que sous l’influence de l’Allemagne, Bruxelles abuse de la faiblesse des gouvernements français qui se sont succédé depuis près de 20 ans.

 

TEXTE (blog de Loïk Le Floch Prigent – 19 décembre 2020)

Comment un des grands succès français technique et économique des Trente Glorieuses, une entreprise fournissant à tout le pays une électricité abondante et bon marché, s’est transformé en désastre à force de lâchetés et de compromissions. Le bien commun représenté par EDF est en passe d’être dilapidé pour des raisons idéologiques et d’autres encore moins convenables.

La production et la fourniture d’électricité sont des vecteurs essentiels du monde dans lequel nous vivons. Les pays qui ne connaissent pas une électricité abondante et bon marché sont à la traîne sur tous les plans, éducation, industrie, culture, économie… et l’avenir semble accélérer l’utilisation de l’énergie sous cette forme dans la plupart des activités humaines. À cet égard, la reconstruction de la France après la dernière guerre avec le programme du Conseil national de la résistance (CNR) avait une bonne vision en mettant en place EDF. Elle concentrait les compétences et les financements pour assurer un service universel de l’électricité avec le droit pour tout citoyen de recevoir l’énergie électrique quelle que soit sa localisation sur le territoire et au même prix que tous les autres. Hauts fonctionnaires, dirigeants, ingénieurs, techniciens ont donc bâti au cours des dizaines d’années qui ont suivi une entreprise performante qui a servi d’exemple à la plupart des pays.

Une électricité abondante et bon marché

Sous l’impulsion du général de Gaulle, le programme d’indépendance nationale s’est structuré, d’abord avec la bombe atomique, puis l’utilisation civile de la physique nucléaire avec des centrales électriques qui ont fini par assurer 75 % de la consommation électrique nationale avec la possibilité d’exporter aux pays voisins une énergie abondante et bon marché. C’est un des grands succès de la France qui à la fin du siècle dernier était, avec ses 58 réacteurs nucléaires, au sommet de la compétitivité pour l’ensemble de ses installations électriques avec, en plus du nucléaire, une excellence dans l’hydroélectricité et dans les centrales thermiques, charbon, fioul, gaz.

Les plus vertueux en termes d’émissions de gaz à effet de serre

EDF était ainsi une des premières sociétés mondiales avec un potentiel technique exceptionnel et des experts connus et reconnus dans tous les pays, on nous enviait partout d’avoir construit un outil remarquable. L’idée avait été de disposer d’un service public centralisé gérant l’ensemble de la filière et il n’y avait pas, à l’époque, de considérations sur le climat. Mais lorsque le débat sur le réchauffement climatique et les gaz à effet de serre est apparu, notre appareil électrique faisait de nouveau des jaloux puisque les centrales nucléaires n’émettent pas de CO2. Nous étions ainsi, avec le nucléaire et l’hydraulique, les plus vertueux en termes d’émissions !

Et pourtant, tout au long des vingt dernières années, nous avons déconstruit EDF et nous sommes désormais au bord de la catastrophe : les plus anciens ont pris leur retraite et sont dégoûtés, les plus jeunes se demandent vers où va leur entreprise qui se démantèle de jour en jour sous la pression des règlements européens et des idiots utiles nationaux, administrations, écologistes, et politiciens fâchés depuis longtemps avec la science et l’industrie.

Un outil détruit par vingt ans de lâchetés et de compromissions

Dès le départ des travaux de la Commission européenne, on a commencé à s’interroger sur la concurrence et ces services publics à la française irritaient la technocratie ambiante bercée par la théorie libérale. Si les administrations françaises n’ont pas résisté à la pression des Allemands et des Britanniques, c’est que EDF apparaissait pour beaucoup un État dans l’État et que ces coups de boutoir supranationaux permettaient de piquer un peu le mammouth arrogant. On a donc laissé faire ceux qui voulaient faire de l’électricité un produit comme un autre avec un marché et de la concurrence, il fallait arriver à séparer les activités de production de celles de transport et de distribution. Au bout de plus de vingt ans de combats contre EDF, on a donc ainsi permis la constitution de trois entités « indépendantes », EDF, RTE (transport, réseaux) et Enedis (distribution) avec une concurrence dans le métier de production en confiant des centrales hydrauliques ou thermiques à d’autres acteurs qu’EDF.

Lien vers le blog de Loïk Le Floch Prigent : 

En route vers la catastrophe (loikleflochprigent.fr)

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