A propos de la centrale de Gravelines
Monsieur Claude Nicolet
Conseiller municipal de Dunkerque, conseiller communautaire CU Dunkerque
Quel rôle joue la centrale pour votre région ?
Elle joue un rôle essentiel qui a notamment contribué à dessiner notre identité industrielle. La présence d’une électricité abondante, sûre et bon marché a fait venir de très grandes entreprises comme Aluminium Dunkerque par exemple, ce qu’on appelle l’industrie hyper électro-intensive. La commission européenne et en particulier la DG concurrence nous pose d’ailleurs beaucoup de soucis dans ce domaine. Rôle qui a fait du littoral dunkerquois la plus grande plate-forme de production d’énergie en Europe renforcé par l’arrivée du terminal méthanier. Ce fût l’occasion d’une première mondiale en utilisant l’eau réchauffée de la centrale pour remettre à l’état gazeux le gaz liquide. Ce sont également des milliers d’emplois industriels et une filière d’excellence dans la maintenance nucléaire. Et puis se sont également des investissements massifs sur le territoire pour le grand carénage, les mises à niveau post Fukushima, l’éventuelle arrivée des EPR à laquelle je suis favorable.
Les riverains ne craignent-ils pas des accidents ? Sont-ils hostiles ?
Non, pas vraiment. Depuis le temps ils se sont rendus compte qu’il n’y avait pas de danger. Les craintes sont ailleurs. Les accidents de Tchernobyl ou de Fukushima sont évoqués et on imagine alors un scénario catastrophe d’explosion nucléaire, de contamination massive, d’évacuation générale, de perte de l’ensemble des biens…
Mais alors comment expliquez-vous une telle hostilité contre le nucléaire ?
Un contexte général de rejet de la science et du progrès. Les amalgames basés sur une ignorance réelle et une disparition inquiétante d’un minimum de culture scientifique chez nos concitoyens et puis des choix qui se font, non pas en fonction de l’intérêt général, du bien commun mais guidés par des préoccupations idéologiques et politiciennes. La fermeture de Fessenheim par exemple est une aberration. Tout ça pour un accord électoral, c’est pathétique.
Quels types d’actions recommanderiez-vous à PNC d’entreprendre ?
Il faut contribuer à dédiaboliser le nucléaire, faire parler celles et ceux qui y travaillent, pour qu’ils puissent témoigner et faire partager leur expérience, la fierté qu’ils ont de travailler au service des Français, de produire une énergie décarbonnée qui contribue à notre souveraineté.
Le Brexit aura-t-il une influence défavorable sur votre région ?
Je suis sûr que non. Vous savez, la géographie nous imposera ses réalités. Le Royaume-Uni n’est pas prêt de changer de place, la Manche non plus, ni la Mer du Nord ni la France. On ne fait de politique qu’à partir de la réalité disait de Gaulle, ce n’est pas prêt de changer. Les Britanniques ont fait un choix souverain, choix que leurs gouvernants respectent et mettent en œuvre ce qui ne fût pas le cas dans notre pays lors du référendum du 29 mai 2005. Je ne crois absolument pas à la catastrophe annoncée. La stratégie de l’Union européenne qui consiste à vouloir humilier la Grande Bretagne et leur faire payer le prix fort pour avoir osé quitter l’UE ne donnera rien. Il ne faut pas mépriser les peuples.
Que pensez-vous du projet de parc éolien qui doit être édifié au large de Dunkerque ?
Consternant. L’urgence aujourd’hui c’est la lutte contre les rejets de CO2. Par idéologie on est prêt à sacrifier le nucléaire qui reste l’un des derniers atouts industriels du pays. Or l’éolien est très consommateur d’énergie pour sa fabrication, sa maintenance, son entretien…on oublie que c’est une production de CO2 délocalisée, notamment pour les métaux rares. IL faut rajouter que c’est une énergie intermittente et non pilotable qu’il faut obligatoirement coupler à des centrales à gaz ou à charbon, ça on l’oublie. Et c’est également un moyen pour affaiblir EDF et terminer son démantèlement. C’est une aberration qui porte atteinte à nos intérêts les plus fondamentaux. Il semblerait que le président Macron commence à s’en rendre compte, je m’en félicite, il faut arrêter ce massacre et recommencer à penser stratégiquement et à long terme et non plus avec une mentalité de boutiquier.
Ce projet va nous enfermer et le bénéfice qu’on pense en retirer va se retourner contre nous. C’est une vision à courte vue qu’on essaie de de nous faire passer pour l’opportunité du siècle, quelle blague ! Nos voisins Belges sont furieux, les ports du Havre, de Rouen et de Paris viennent de fusionner et nous on se met 46 Tours Eiffel (300 mètres de haut) à 10 km de notre littoral. C’est une erreur terrible tout ça parce qu’on a besoin des taxes que cette affaire devrait nous ramener on va sacrifier notre avenir. Vous l’avez compris, je suis « contre ».
Quelle est position de la région des Hauts de France concernant le nucléaire ?
Je pense que le président Xavier Bertrand y est favorable, et il a parfaitement raison.